"Si l’endormi(e) est une image récurrente dans le travail des artistes (de Piero Della Francesca à Bill Viola en passant par Courbet, Renoir, Balthus, Hockney, Warhol ou Sophie Calle) c’est sans doute parce qu’étant vulnérable au regard, le dormeur(euse) est un peu une métaphore de l’œuvre. Devant celui dont la conscience s’est écroulée sur elle-même, nous sommes mis à distance par cette absence exposée et nous acquérons le pouvoir du regard sans crainte. Cela nous donne l’illusion d’être en surplomb, d’avoir le pouvoir du voyeur alors que tout un monde s’échappe sous nos yeux. Ce que le dormeur ne peut nous dire, sa pose, son abandon physique nous le suggère, comme une sensation enfantine retrouvée : nous sommes un petit morceau flottant de quelque chose de beaucoup plus grand. Il nous reste que, débarrassés de son regard, nous sommes libres de le capter en détails".












